Comment gagner les jeux psychologiques ?

Jeux psychologiques Psychological Games juegos psicológicos

La puissance du Triangle de Karpman

Tu le fais et tu ne t’en rends même pas compte.

Imagine que chaque conversation que tu as est une scène de théâtre, où tu joues un rôle. Dans ce monde, Stephen Karpman, élève d’Éric Berne, fondateur de l’Analyse Transactionnelle, t’introduit à son concept : le « Triangle Dramatique ».
C’est une scène où se déroulent des interactions humaines conflictuelles, confuses et parfois malsaines.
En gros, le Triangle de Karpman est un concept qui t’aide à saisir en quoi ta communication est dysfonctionnelle. Parce que ces jeux sont si intégrés dans ton quotidien, de manière naturelle et instinctive. Alors, aujourd’hui, je t’invite à te repositionner face à tes adversaires, pour gagner chaque partie.

 

Qui joue quoi ?

1. Victime

Contexte : Lors d’une réunion de famille, Julie se plaint constamment de son travail et de ses collègues.
Julie : « Personne ne m’apprécie au travail, c’est toujours moi qui dois faire le plus. »
Dans ce cas, Julie joue le rôle de la victime. Elle se sent oppressée et mal comprise dans son environnement professionnel, et elle exprime un sentiment d’impuissance.

Comme Julie, on peut se positionner en victime quand on a l’impression que le monde est contre nous. C’est un peu comme être le héros malheureux d’une série dramatique où tout semble mal tourner. On se sent impuissant et on cherche souvent de la compassion ou de la compréhension des autres.

 

2. Persécuteur

Contexte : Dans une conversation, Paul critique ouvertement les choix de carrière de son pote.
Paul : « C’est ridicule de poursuivre une carrière dans l’art. Tu devrais faire quelque chose de plus stable. »
Ici, Paul se positionne comme le persécuteur. Il juge et dénigre les choix de son ami, adoptant une position de supériorité.

Quand on est dans la peau du persécuteur, à l’image de Paul, on se transforme en critique sévère. On peut penser qu’on détient la vérité absolue et on n’hésite pas à pointer du doigt les erreurs des autres.

 

3. Sauveur

Contexte : Léa remarque que sa mère est débordée et lui propose son aide sans qu’elle la demande.
Léa : « Tu sembles débordé. Laisse-moi t’aider. »
Léa incarne le rôle du sauveur. Elle cherche à aider sa mère, alors qu’elle ne l’a pas sollicitée, dans l’espoir de la soulager.

Être le sauveur, c’est un peu comme être un super-héros sans cape, comme Léa. On ressent le besoin d’intervenir et de sauver les autres, parfois même sans qu’ils demandent notre aide. C’est un rôle gratifiant, mais il cache parfois (souvent) un désir de reconnaissance ou de contrôle.
Et ce genre de situation peut se terminer de cette manière :
« Mais de toute façon, je ne t’ai rien demandé, laisse-moi tranquille, je le fais mieux sans toi. »

Ce qu’on appelle, le « coup de théâtre » ou le « switch ». À un moment, les rôles basculent et le persécuteur devient victime, ou le sauveur devient persécuteur, ou la victime devient persécuteur.

 

Pourquoi tout le monde joue-t-il aux jeux psychologiques ? 

La réponse se trouve dans les bénéfices cachés qu’ils offrent. 

  • Le persécuteur : « Tu m’énerves, on ne peut vraiment pas parler avec toi »
    Par peur, angoisse, il adopte souvent une position dominante et critique, voire brute. Il se satisfait de l’idée que c’est grâce à son comportement autoritaire qu’il est le moteur du progrès. Il est convaincu que « sans moi, rien ne se passerait ». Pour obtenir des résultats et même l’obéissance, il pense que c’est nécessaire de maintenir cette dynamique en se persuadant que c’est la conviction qui pousse à avoir une certaine agressivité.
    Sa croyance : il faut agir (urgence. Mon besoin d’abord)
  • Le sauveur : « Oh ma pauvre, si tu veux, je peux venir te chercher »
    Par manque de confiance, c’est la recherche de reconnaissance qui le rend si attractif. On a tous déjà entendu ou dit : « Regarde tout ce que je fais pour toi ». En espérant être reconnu et apprécié, il se retrouve confronté au rejet.
    Sa croyance : Il faut intervenir (X n’est pas autonome) (je sais ce qu’il faut)
  • La victime : « De toute façon, je n’ai pas d’argent, je ne peux rien faire »
    Par impuissance face à la situation, elle veut attirer l’attention et recevoir de la sympathie. Elle veut être au cœur des préoccupations, pour se sentir valorisée. Mais son désir le plus profond de se sentir aimée et choyée se heurte souvent à la réalité des relations humaines, où elle n’obtient pas toujours la réponse escomptée.
    Croyance : Je n’y arriverai pas (je ne suis pas autonome)

Ces jeux viennent valider nos croyances sur nous-mêmes et les autres, ainsi que reproduire des schémas relationnels familiers.

Ce qui est assez impressionnant, c’est que l’on mord à l’hameçon sans s’en rendre compte, toute la journée. Face à une personne qui va jouer un de ces rôles, automatiquement, on va endosser un des deux autres rôles. Et on va jouer à perte. Parce qu’être dans le triangle n’est pas bénéfique, car ce sont des dynamiques relationnelles malsaines, basées sur le conflit, la manipulation, le malentendu et les sous-entendus empêchant des relations authentiques et équilibrées.

 

Comment en sort-on ?

En 1990, Acey Choy publie le Triangle gagnant. Il dit, que les victimes face à l’adversité devraient cultiver une perception de vulnérabilité, chercher activement des solutions à leurs problèmes, et développer une meilleure conscience de soi.
Il conseille à ceux se comportant en persécuteurs d’adopter une attitude plus affirmée, de manière constructive, sans tomber dans la punition. Et incite les sauveurs à pratiquer une bienveillance réfléchie, sans s’immiscer dans les affaires d’autrui, pour régler leurs problèmes à leur place.

Comme dit souvent Vanessa Borja, Praticienne en psychothérapie analyse transactionnelle, notre prise de parole doit être toujours :
Factuelle, Objective et Rationnelle, en exprimant seulement ce que JE ressens. En se positionnant comme ça, il est possible de dire n’importe quoi à n’importe qui, sans provoquer de conflit.

Pour finir, le plus important est d’accepter : Une partie de moi s’est sentie effrayée, impuissante ou abandonnée, parce qu’elle a besoin de sécurité, de liberté, d’action ou d’amour, c’est OK. C’est OK de réagir en Victime, Persécuteur ou Sauveur. Seulement, si tu veux avoir des relations saines avec les autres, l’important est d’en prendre conscience, chez les autres et surtout chez toi, pour ensuite prendre suffisamment de recul afin d’en sortir.

Les jeux psychologiques, c’est comme le Uno, c’est le premier qui sort qui a gagné.

 

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