Saint-Jacques-de-Compostelle,
Un chemin qui forge et met à l’épreuve le physique et l’esprit
Un chemin qui permet le lâcher-prise et le laisser prendre
Un chemin de déconnexion pour la reconnexion
Un chemin dans le non-jugement, mais l’acceptation
Un chemin sans âge ou catégorie sociale
Un chemin fatigant, à l’énergie contagieuse
Un chemin lumineux où chaque kilomètre vient éclairer l’âme
Un chemin intimement partagé
Un chemin joyeusement difficile
Un chemin où l’ego s’apaise et l’esprit grandit
Un chemin pour revenir à l’essentiel et ouvrir son être
Guidé jusqu’à l’ouest, où l’ombre en façade gravite à l’arrière
Le reflet de l’évolution quotidienne, synonyme de renouveau et d’apprentissage
Car il est essentiel d’avoir en tête que l’on ne prend pas le chemin, c’est le chemin qui nous prend
Pèlerinage ou Randonnée ?
« – Tu ne fais que marcher pendant 3 mois ?
– Non, c’est bien plus que ça. »
Moment d’histoire : qu’est-ce que le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle ?
C’est un ensemble d’itinéraires qui conduisent à la tombe de l’apôtre Jacques le Majeur en Espagne, l’un des premiers apôtres du Christ. La légende raconte que l’ermite Pelagos aurait été guidé par une étoile jusqu’au tombeau.
Depuis, la tradition veut que chaque pèlerin l’atteigne pour y trouver la guérison.
Aujourd’hui, ce sont des centaines de milliers de personnes qui s’y rendent chaque année.
Qu’est-ce qui m’a poussée à le faire ?
Un jour, on m’a dit :
« Si tu veux revenir à toi, te comprendre, te connaître, te connecter avec toi-même, il faut que tu fasses Saint-Jacques-de-Compostelle. »
J’ai toujours été en quête de réponses, mais il m’était difficile de réellement m’imaginer faire 1500 kilomètres. Je n’avais aucune expérience en randonnée, je n’aimais pas marcher (c’est un petit détail quand même). De plus, la peur d’y aller seule, en tant que femme, me retenait.
Des jours, des semaines, des mois passèrent. Et, généralement, quand une idée persiste dans ma tête, il faut que je passe à l’action. Un jour, mon ami Antoine, qui a connu la magie de cette expérience, m’a invité à dîner. J’étais toujours dubitative, mais à la fois curieuse, et je lui posais plein de questions.
Il me dit : « Tu ne le sais pas encore, mais tu es déjà sur le chemin. »
Parfois, il m’en faut peu, alors je me lance. (Meeerci Antoine)
Sans motivations religieuses, c’est dans une volonté de déconnexion, un recentrage et un réalignement, que j’ai décidé de prendre le chemin.
La préparation pour Saint-Jacques-de-Compostelle
Elle est assez simple, à partir du livre « Miam Miam Dodo ». J’ai pu organiser mon voyage et réserver un hébergement à chaque étape. Bon, c’est vrai que la tradition veut que le pèlerin se laisse porter, mais ma peur avait besoin de cadre. J’ai apprécié l’exercice, ça me donnait tous les jours un but à atteindre.
Non-religieuse, mais intriguée, je suis allée à la messe quotidienne et traditionnelle dans la cathédrale du Puy-en-Velay.
J’avais l’impression d’être dans un film. À la fin de la messe, tous les pèlerins devaient rester pour recevoir la bénédiction et la créanciale. C’est un peu comme le passeport du pèlerin, on la fait tamponner à chaque étape.
Quand tout à coup, au milieu de la nef, dans le sol, le portail s’est ouvert et a laissé apparaître des escaliers à descendre. – « Le chemin commence. »
C’est avec l’essentiel sur le dos et le poids de la vie, que chacun d’entre nous, avec différentes raisons, mais le même objectif, nous commencions notre aventure. C’est décorée par la coquille Saint-Jacques, envahie par beaucoup d’émotion et poussée par la motivation, que j’entrepris la marche.
Le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle
Mes distances variaient entre 20 et 30 km par jour. C’était mon choix, mais chacun est libre de marcher à son rythme. Plus les kilomètres passaient, plus les pensées surgissaient. Heureusement, quand je me lassais de ma solitude, je partageais ma route avec un autre pèlerin, parfois pour une heure, un jour et plus encore.
J’ai croisé un bon nombre d’âmes, des jeunes, des vieux, des religieux, des laïques, des handicapés, des étrangers. À pied, à cheval, à vélo ou avec un âne, en auberge ou en tente.
Chacun avec sa cause. Certains en transition de vie ou dans le besoin de réfléchir, en deuil ou se remettant d’un événement, à la recherche de réponses ou pour calmer le mental, dans un besoin de distance ou à la recherche de rencontres, tristes ou heureux, dans la performance ou dans la religion, en méditant ou en réfléchissant.
On s’écoute, on se confie, on se conseille, on s’encourage, on partage, on donne, on se rend vulnérable, on laisse tomber les masques, on se coupe du monde, on revient à l’essentiel.
Comme disait mon ami Jean :
« C’est aussi l’occasion d’une communion avec la nature. Marcher, c’est prendre le temps d’admirer les paysages, de profiter des levers et couchers de soleil, d’accepter la pluie, la chaleur et le froid. On croise les bêtes des champs comme les vaches, les chèvres, les moutons, les ânes, les oiseaux. On contemple les fleurs, les ruisseaux, les sources, les rivières et les fleuves. Tout cela, on le fait, car on marche et donc on prend le temps de regarder.
Chacun existe à côté de l’autre, sans bruit, sans jugement, sans reproche, sans envie. On écoute ce que l’on veut bien vous dire, on raconte ce que l’on veut. Le chemin vous apprend à respecter l’autre, on vous encourage, on vous souhaite « buen camino« , on vous soigne et on vous aide à oublier vos soucis. L’état d’esprit qui y règne est un souffle de liberté, loin des contraintes de la vie. »
Il n’y a pas de règle ou de loi, le chemin accepte tout le monde, pour que chacun puisse faire évoluer son onde.